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La tendance Yearbook AI est de payer et de devenir le produit


La nostalgie des années 1990 se fait sentir ces jours-ci sur les réseaux sociaux avec Yearbook AI, une intelligence artificielle (IA) qui génère des images de vous arborant différentes coiffes et divers habits sortis tout droit de la décennie de gloire des Backstreet Boys et des Spice Girls.

Le fonctionnement va comme suit : on télécharge l’application EPIK — AI Photo Editor, à laquelle on fournit de 8 à 12 égoportraits. L’IA d’Epik, une filiale de l’entreprise sud-coréenne Snow Corporation, génère 60 images de la personne sur la photo dans différentes positions et avec des tenues et coiffures inspirées des années 1990.

Si l’application est gratuite, il faut toutefois débourser entre 6 $ US (8,20 $ CA) et 10 $ US (13,70 $ CA) pour le service, qui met de 2 à 24 heures pour générer les images, selon le forfait sélectionné.

Jeudi, l’application était la plus populaire de l’App Store d’Apple dans la catégorie Photos et vidéos, un engouement qu’on peut attribuer à de nombreuses personnalités qui ont accepté de se prêter au jeu.

Parmi celles-ci, on compte l’instavidéaste (streamer) canadienne Pokimane. Au Québec, l’influenceuse Khate Lessard, l’animateur Jean-Sébastien Girard et la tiktokeuse de Mordu, Michelle Furtado, l’ont aussi essayée, avec des résultats mitigés.

La tendance s’est même infiltrée à Hollywood, notamment avec les actrices américaines Keke Palmer et Brec Bassinger.

De la grogne et des inquiétudes

VIDEO: TENDANCE AMÉRICAINE - Tuto DIY Yearbook
Patti Lynn Q

Cette tendance suscite toutefois la grogne, sur les réseaux sociaux, dans un contexte où les acteurs et les actrices aux États-Unis sont en grève depuis le début de juin, en raison, entre autres, de craintes de suppressions d’emplois liées à l’émergence des IA génératives.

Caroline Renard, scénariste et réalisatrice de télévision et de cinéma, a publié sur X (ex-Twitter) : Nous ne serons jamais libres. On fait des grèves et on essaie de lutter contre la technologie de l'IA et vous, vous faites des conneries comme ça.

Également sur X, l'écrivaine Franchesca Ramsey a mis en garde les gens contre cette tendance : Les gens qui paient pour entraîner l'IA avec leurs photos, c'est... mal. Il y a de sérieux problèmes juridiques et éthiques. L'IA plagie les artistes et met activement les gens au chômage. Les gens font circuler de fausses images pour tromper les gens et la technologie s'améliore grâce à la tendance Yearbook AI.

C’est payant, et vous êtes le produit

VIDEO: Yearbook AI gratuit : créer des photos de classe 1990 sans l'appli EPIK
Jeanviet

On entend souvent l’adage si c’est gratuit, vous êtes le produit. Cette fois-ci, c’est plutôt c’est payant et vous êtes le produit.

Leur politique de confidentialité est un [drapeau rouge] en général. [...] C’est horrible.

Pour générer des images, l’outil d’Epik utilise la technologie de reconnaissance faciale et récolte ainsi des données biométriques et de nombreuses autres informations. Et la politique de confidentialité (Nouvelle fenêtre) fournit très peu d’information et de garantie en matière de renseignements personnels, note Luc Lefebvre, dont l’organisme Crypto.Québec a pour mission d'éduquer la population en matière de cybersécurité.

Photo portrait d'un homme barbu qui sourit sans montrer les dents.

Luc Lefebvre a cofondé l'organisme Crypto.Québec.

Photo : Luc Lefebvre

Ils collectent absolument tout, même des informations sur les autres photos que tu as sur ton téléphone, indique le spécialiste en cybersécurité, qui précise qu’une telle application ne passerait pas au Québec, ni dans l’Union européenne [UE].

L’outil adopte une formule d'exclusion (opt-out) pour les données, plutôt que d’inclusion (opt-in), préconisée dans plusieurs pays occidentaux, d’après le spécialiste. Et pour en faire retirer ses informations, l’utilisateur ou l’utilisatrice se heurte à un mur, incapable de trouver à qui faire parvenir la demande, comme un officier ou une officière de la vie privée, par exemple, obligatoire au Québec depuis l’adoption du projet de loi 25.

Pour moi, ce serait un no-go d’accepter [d’utiliser l’application] dans mon organisation ou pour mes enfants.

Comme l’application a été développée en Asie, où les lois qui encadrent les données biométriques sont pratiquement inexistantes, affirme Luc Lefebvre, l'entreprise se permet de se défiler des exigences d'autres pays en la matière.

Le service Yearbook AI n’est pas sans rappeler l’outil Lensa, très populaire en décembre 2022, qui transforme les égoportraits en avatars, moyennant des frais. L’application avait été montrée du doigt pour ses pratiques douteuses en matière de gestion des données des utilisateurs et utilisatrices.

Le spécialiste en cybersécurité insiste : ce scénario n’est pas nouveau, et il continuera de se produire, tant et aussi longtemps que les lois ne seront pas uniformisées à l’international.

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Le service, très populaire aux Philippines, fait par ailleurs l’objet d’une mise en garde de la part de la Commission nationale de la protection de la vie privée (NPC) de ce pays, qui déclare être encore en train d’évaluer ses répercussions possibles sur les données personnelles de ses utilisateurs et utilisatrices.

Bien que la tendance Yearbook AI puisse sembler inoffensive, il est essentiel que les personnes qui utilisent l'application soient prudentes quant aux implications qu'elle peut avoir sur la vie privée, a déclaré Roren Marie M. Chin, cheffe de la division de l'information et de l'assistance au public de la NPC, selon plusieurs sites spécialisés.

Contactée par Radio-Canada, Snow Corporation a indiqué par courriel que l'application EPIK ne conserve aucune photo des utilisateurs et utilisatrices, sans d'abord préciser si elle les utilise pour entraîner son IA, ni comment elle alimente celle-ci. L'entreprise a ajouté quelques jours plus tard par courriel ne pas utiliser les données des utilisateurs et utilisatrices pour former [son] IA et que les images utilisées pour l'entraînement proviennent de l'ensemble de données fourni par le générateur.

Epik a aussi déclaré dans un courriel envoyé à la chaîne américaine NBC News que l'application ne stocke aucune des informations personnelles, y compris les égoportraits, qui sont utilisées pour créer les résultats de Yearbook AI.

Comment les utilisateurs et utilisatrices d'Epik peuvent-ils présenter une requête pour exclure leurs données (opt-out)? La question est restée sans réponse.

Avec les informations de NBC News

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Author: Tricia Goodwin

Last Updated: 1699962482

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